Emmanuel Macron a fait le point mardi matin lors d’un conseil de défense sur l’épidémie de Covid-19 préparer un nouveau tour de vis des mesures de contrôle, qui pourrait aller jusqu’à un recentrage. Ce conseil de défense autour du président, en présence du Premier ministre Jean Castex et d’une dizaine de ministres, a été le premier d’une série de réunions programmées dans les 48 heures.
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En fin d’après-midi, Jean Castex recevra les responsables politiques puis les partenaires sociaux à Matignon pour les “consulter” sur “le durcissement envisagé”. Puis un nouveau conseil de défense se tiendra mercredi matin pour prendre les décisions qui seront annoncées aux Français d’ici la fin de la semaine.
Les scénarios évoqués pour le durcissement vont d’un renforcement du couvre-feu – qui pourrait par exemple débuter à 19 heures, voire s’étendre à l’ensemble du territoire – à un reconditionnement total, ou bien limité aux week-ends.
Vers des décisions “impopulaires” mais “assumées”
Selon France Info qui cite l’Elysée, Emmanuel Macron prévoit de s’exprimer mercredi pour partager ces nouvelles mesures avec les Français, un discours qui pourrait être prononcé à l’issue du deuxième conseil de défense de la semaine. Jean Castex serait chargé de détailler ces nouvelles restrictions jeudi. Les décisions seront “impopulaires, mais elles seront assumées” fournit un conseiller à France Info.
«Il faut s’attendre à des décisions difficiles», a déjà prévenu mardi le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, faisant écho aux propos alarmants tenus par plusieurs médecins ces derniers jours. “A un moment donné, nous devons prendre des décisions difficiles (…) comme tous nos voisins européens”, a-t-il ajouté sur France Inter, évoquant les nouvelles restrictions prévues en Italie, en Espagne ou en République tchèque.
Le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, avait préparé le terrain lundi en qualifiant la situation en France de “critique”, faisant part de la crainte que la deuxième vague soit “plus forte que la première”.
La pression monte dans les hôpitaux
Le nombre de cas positifs confirmés a augmenté de 26771 en 24 heures, selon les chiffres de Santé publique France ce lundi. La veille, la France avait battu un nouveau record avec plus de 50 000 cas positifs confirmés en une journée. Le professeur Delfraissy a même estimé que le nombre réel de contaminations tournerait «autour de 100 000 cas par jour».
Le nombre de patients en soins intensifs continue d’augmenter, augmentant la pression sur les hôpitaux. Leur nombre s’élevait à 2 761 lundi, pour un total de 5 800 lits de poulies dans toute la France. Mardi matin, l’ARS Pays de la Loire a annoncé qu’elle attendait huit patients transférés par avion d’Auvergne Rhône-Alpes et ARS Bretagne a pour sa part accueilli quatre patients d’Occitanie.
Tabou il y a quelques semaines à peine, l’hypothèse du reconditionnement est désormais considérée comme une nécessité par un nombre croissant de scientifiques et de politiciens, qui espèrent éviter qu’elle soit nationale et totale. Nous allons “devoir faire face à des semaines qui seront plus que difficiles”, a prédit l’infectiologue Gilles Pialoux, en appelant à l’adoption d’une «mesure drastique, que nous appellerons confinement».
Pour lui, «la difficulté actuelle» réside dans la «dimension nationale de l’épidémie (…) alors que nous étions plutôt dans une épidémie concentrée (sur quelques régions, ndlr) en France dans la première vague». Par conséquent, “parler de confinement régional avec les données qui circulent actuellement n’a pas de sens”, a ajouté sur BFMTV le chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Tenon à Paris.
Le professeur Delfraissy avait avancé lundi deux “hypothèses”, dont la première est “d’aller vers un couvre-feu plus massif”, à la fois dans ses horaires, dans son ampleur au niveau national et qui peuvent également être mises en œuvre. place le week-end. «Le second est« d’aller directement au confinement », mais« moins dur »et moins long que celui de mars à mai, selon lui.
Vers des débats à l’Assemblée et au Sénat jeudi?
Les politiciens semblent résignés au durcissement des mesures, mais l’opposition n’épargne pas ses détracteurs du gouvernement.
“Je préfère les confinements locaux à la Toussaint plutôt que les confinements généraux à Noël”, a déclaré le chef des députés LR, Damien Abad, sur France Info.
Cependant, les députés PS ont dénoncé mardi un “vent de panique” au sein de l’exécutif face à l’accélération de la propagation du virus, leurs homologues LR estimant que le gouvernement “abandonne”. Selon le député socialiste Boris Vallaud, “le sentiment est que le gouvernement passe d’une étape à l’autre, souvent avec un retard”, a-t-il déclaré aux journalistes.
Selon des sources parlementaires et gouvernementales, le gouvernement pourrait répondre à la demande d’explications du Parlement en organisant deux débats successifs à l’Assemblée puis au Sénat jeudi.